Profitons d'être prof

Je réalise que je papote tourisme depuis le début alors qu’au fond, je ne suis pas ici pour me la couler douce aux frais de la princesse. En effet, pour ceux d’entre vous qui l’ignorent encore, je suis en Chine pour travailler. Je vous rassure, je n’ai pas traversé la moitié de la terre afin de passer maître dans l'art du dumpling ou pour suivre une formation intensive de kung-fu. Si je suis ici c’est pour m’improviser enseignante le temps d’une année. J’officie donc en tant que prof d’anglais dans une école secondaire située dans le comté de Hong’an, lui-même placé sous la houlette de la préfecture de Huanggang, dans la province de Hubei.

Pour parer aux éventuelles questions qui, je le sens, vous brûlent les lèvres, je vais tout de suite éclaircir quelques points :

-Non, je n’ai pas suivi de formation pour être prof

-Non, je ne suis pas une « native speaker » (une anglophone pure souche)

-Non, je n’ai pas beaucoup de patience ^^

Le fait est que la Chine, forte de sa position de pays émergent, a très bien compris le rôle qu’elle pouvait espérer endosser sur la scène internationale. Toutefois, elle sait également qu’il lui faudra se plier à certaines conditions qu’une telle position sous-entend et parmi lesquelles figure la promotion de l’anglais dans les établissements scolaires. Comme elle ne veut pas perdre de temps, personne n’est trop regardant quant au curriculum des professeurs étrangers, si vous détenez un Master (orientation langue c’est pas plus mal, donc traduction ça colle plutôt bien) ou que vous avez suivi des cours spécialisés dans le domaine, faîtes vos valises car, à leurs yeux, vous serez plus que qualifiés.

Donc, ça c’était pour la petite histoire, mais concrètement, qu’est-ce que j’y fais ? Et bien je dois donner des cours d’anglais à des jeunes de 15-16 ans en suivant un manuel (approuvé par l’État). Il ne faut donc pas s’appeler Chuck Norris pour oser caresser l’idée de s’expatrier en Chine en vue d'y travailler (cette référence culturelle suppose un colossal savoir encyclopédique, j’en suis bien consciente ^^).

Donc, voilà le pourquoi du comment une petite belge sans compétences aucunes dans le domaine de l’enseignement en est arrivée à débarquer dans le pays du confucianisme !

Alors, l’école, comment ça se passe ? Du point de vue des élèves je serais tentée de répondre : « MAL » !! Ils ont cours toute la semaine (du lundi au lundi, le WE ça n’existe pas) et de 06 :30 à 21 :45 (en comptant les heures de table, celles consacrées au sport et aux devoirs et une pause sieste entre midi et quatorze heures, idée que notre ministre de l’enseignement devrait penser à envisager…). Les journées sont rythmées au son de grands classiques musicaux revisités à la manière chinoise (la BO de Requiem for a Dream jouée à la flûte et chantée par un chat qu’on égorge, un chat chinois évidemment,…), crachés par des mégaphones subtilement localisés dans tous les recoins de l’école. J’ai fini par comprendre que cela équivalait grosso modo à la bonne vieille « sonnerie » de nos écoles à nous. Le concept reste le même, c’est la mise en application qui diverge…

Au-delà de ça, les élèves vivent tous, comme moi, dans l’enceinte de l’école. Ils ne voient donc leurs parents que durant les vacances. Ils n’ont pas spécialement le temps d’aller se balader en ville et encore moins de faire la fête jusqu’à pas d’heure. En somme, l’école on y étudie, elle ne fait pas office de crèche pour adulescents (le néologisme, tout un art) en mal de vivre. On dira ce qu’on veut, mais ils ont peut-être beaucoup plus à nous apprendre qu’on ne le croit ces chinois…

C’est sur cette petite réflexion à haut potentiel philosophique que je vais clôturer cet article (un peu plus sérieux que les autres je veux bien l’admettre).

Love from Hong’an !!