Élève-toi et marche!
Cela va faire une grosse semaine que j’officie comme prof d’anglais dans une école secondaire (dont je n’ai toujours pas saisi le nom car n’est pas sinophone qui veut ). D’après ce que j’ai compris, je suis responsable des cours d’expression orale. Évidemment, l’authenticité des propos que j’avance est à mettre en doute puisque, comme mentionné précédemment, je ne parle pas la langue et que les profs d’anglais ne comprennent réellement bien que le « Changlais » (dixit les profs eux-mêmes). Les quiproquos sont donc malheureusement inévitables.
Les élèves sont divisés en neuf classes. Ce ne sont pas eux, mais bien les enseignants qui passent de l’une à l’autre afin d’y donner leurs cours respectifs. En ce qui me concerne, je ne donne qu’une heure de cours par semaine à chacune des classes (soit neuf heures en tout….non ça va, la vie n’est pas trop dure^^). Chaque groupe compte plus ou moins quarante, voire cinquante élèves dont la moyenne d’âge se situe entre 15 et 16 ans. Il existe un mythe selon lequel les chinois sont particulièrement studieux, je ne sais pas qui est responsable de sa propagation mais il a très certainement dû toucher un fameux pot-de-vin. Je ne dis pas que ce sont les pires ados que j’aie jamais rencontré (on n’est pas loin du pléonasme), mais niveau déficit de l’attention ils ne sont pas encore immunisés. Toutefois, j’ai l’avantage de pouvoir jouer la carte de l’exotisme et de les captiver un tant soit peu. Pour être tout à fait honnête, force est d’admettre que, d’une manière générale, ils sont quand même beaucoup plus respectueux et assidus que leurs homologues occidentaux. Ils n’en restent cependant pas moins des adolescents, avec toutes les joyeusetés que cela implique (non, faire le pitre ne vous rend pas plus intéressant qu’un autre, juste beaucoup plus pénible).
Au niveau des cours, je devrais (en théorie) me baser sur un manuel mais comme les bouquins en questions ne sont pas encore arrivés, pour le moment je me dois d’improviser. La première étape a été d’évaluer le niveau des élèves afin de mieux cerner leurs besoins et leurs attentes. On m’avait vaguement assuré (à Beijing) qu’ils seraient d’un assez bon niveau et j’avais donc méticuleusement préparé une superbe leçon aux parfums de frites belges, de bière et de chocolat, le tout saupoudré d’un zeste de spéculoos. Lorsqu’ils ont écarquillés les yeux en mode soucoupe volante après que je leur aie demandé leurs noms, je me suis faite à l’idée que, peut-être, leurs capacités avaient été un tant soit peu surévaluées…Qu’à cela ne tienne, j’ai rebondi comme j’ai pu et nous avons bavardé loisirs, sports, nourriture et autres banalités plus accessibles.
Le gros problème de l’étudiant chinois de base c’est avant tout sa timidité. Il faut user de mille ruses pour parvenir à lui faire lever la tête lorsqu’il vous parle (à moins que ce ne soient leurs chaussures qui possèdent un pouvoir envoûtant….à creuser !). Il y en a toujours quelque uns plus motivés que les autres, ce qui n’est pas pour me déplaire, mais quand on part sur une base de cinquante élèves, n’interagir qu’avec une dizaine à tout casser n’est pas une franche réussite. Aussi, je ne compte pas capituler de sitôt. Peu importe les pitreries auxquelles je vais devoir me prêter, je me sens désormais investie d’une mission : traquer le chinois taiseux et lui faire réciter du Shakespeare (plus on voit grand, plus on laisse de marge au progrès).
Je m’en vais donc adapter Hamlet en onomatopées…ça pourra servir.
Peace out !